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Classic Cars stories

Volkswagen : quand la Coccinelle fait mouche

Tout commence en 1936, dans une Allemagne à la botte d'Hitler. Les allemands payent encore pour leur défaite de 1918 et la vaste majorité de la population n'a pas les moyens de s'équiper d'une voiture. On se contente tout au plus d'une mobylette pour faire des sauts de villages en villages.
Hitler, dont les ambitions pour l'Allemagne sont grandes, décide de se lancer dans d'au moins aussi grands projets : ponts, barrages, cités balnéaires gigantesques, à l'image de La Prora aux allures soviétiques, qui restera inachevée. Il fait également construire des autoroutes ("Autobahnen"), un moyen selon lui de relier les principales villes allemandes dans un réseau dont il aurait le contrôle, et de faciliter ainsi le transports d'hommes et de marchandises. Elles font aussi office de pistes d'atterrissage d'urgence pour les forces aériennes allemandes.
 

L'émergence d'un concept de véhicule pour le peuple

Les allemands n'ayant pas les moyens de s'acheter une voiture, les autoroutes restent vides et coûtent cher à l'Etat.

C'est alors qu'Hitler a l'idée de proposer une voiture à la fois peu onéreuse, performante et robuste. Cette voiture serait celle du peuple, ce serait la Volkswagen (littéralement en allemand, "la voiture du peuple").

 

Deux KdF-Wagen sur une autoroute allemande. Source : Bundesarchiv

 

Un cahier des charges rigoureux est élaboré, dont voici les principaux points :

  • La voiture ne doit pas excéder 1000 Reichsmarks pour pouvoir convenir au plus grand nombre.
  • Elle doit pouvoir atteindre les 100km/h.
  • Elle doit être économe à l'usage, soit consommer moins de 5L aux 100km.
  • La voiture doit pouvoir loger entre 4 et 5 personnes.
  • Elle doit pouvoir résister aux intempéries (car elle sera vraisemblablement garée dehors).

 

Un ingénieur se démarque et propose en 1938 un modèle de voiture, la Type 1 : il s'agit de Ferdinand Porsche (futur fondateur de la maison Porsche), qui vient d'imaginer l'ancêtre de la future Coccinelle.

La voiture se nommera la KdF-Wagen; "KdF" étant les initiales de Kraft durch Freude ("La force par la joie") du nom d'une branche du partie nazi spécialisée dans les loisirs.

 

Source : VW Automobilia Archives

 

Du fait de son apparence, les allemands surnomment vite Käfer (scarabée) celle que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Coccinelle en France, Beetle ou Bug (scarabée ou insecte) dans les pays Anglosaxons, ou encore Maggiolino (hanneton) en Italie.

Pour l'assembler, une véritable ville-usine est bâtie jouxtant Wolfsburg, près de Hanovre. Cette ville prendra le nom de KdF-Stadt. Les Alliés l'annexerons à Wolfsburg après la guerre, signant la fin d'une ville dont le seul but était l'assemblage de voitures.

 

La sortie d'usine. Source : RCF

 

Pour acheter une KdF-Wagen, le régime nazi proposer un financement original : on achète des timbres d'une valeur de 5 Reichsmarks chacun que l'on colle ensuite dans un carnet. Il faut additionner l'équivalent de 990 Reichsmarks de timbres (198 timbres) pour s'offrir une voiture - sans compter l'assurance. Les familles achetaient en général un timbre par semaine.

 

Volkswagen pendant la guerre

Mais la guerre arrive, et l'usine de Wolfsburg est mobilisée pour la production d'armement. Le peu de voitures qui produit ira finalement aux dignitaires nazis. Aucun civil n'a été livré. La KdF-Wagen servira de base aux véhicules légers allemands comme la Kübelwagen (la Jeep d'outre-Rhin) et la Schwimmwagen (véhicule amphibie).

 

Le Kübelwagen (gauche) et le Schwimmwagen (droite). Source : Fernando

 

Du fait de son importance stratégique dans la production de guerre allemande, l'usine de Wolfsburg est lourdement bombardée par les Alliés. Lorsque vient le moment du partage de l'Allemagne entre les puissances occidentales et soviétiques, la "KdF-Stadt" n'est plus que l'ombre de ce qu'elle était. L'eau s'infiltre par le toit, les fenêtres sont soufflées : la production doit être arrêtée dès qu'il fait mauvais temps. L'avenir de l'usine devient incertain.

 

L'après-guerre et les premières exportations

Au moment des débuts de la Type 1 (la Coccinelle comme on la connaît aujourd'hui), la 2CV sort en France et la Fiat 500 en Italie. Elle se retrouve donc face à deux concurrentes de taille, très populaires dans leurs pays d'origine.

Les britanniques décident d'importer des Type 1 au Royaume-Uni comme tribut de guerre. Ces voitures permettent de renouveler le parc de véhicules militaires légers anglais, et de dynamiser une région ravagée par la guerre dans un même temps. Ils commencent avec 20 000 véhicules, et dès 1947 l'usine produit autour de 1 000 voitures par mois.

En 1948, Heinrich Nordhoff, ancien cadre d'Opel, est nommé à la tête de la société, désormais nommée "Volkswagen" d'après son ambition de départ de proposer une voiture au plus grand nombre. Nordhoff se tiendra à une politique du modèle unique jusqu'à sa mort en 1968. Ainsi, le succès de Volkswagen ne reposa quasiment que sur la Coccinelle à ses débuts, et cela pendant près de 20 ans. Seules exceptions à la règle : la réussite de la berline Karmann Ghia et du "Type 2", le mythique Combi.

 

1971 Karmann Ghia

 

"Combi" est l'abréviation du mot allemand "Kombinationenwagen" ("véhicule multi-usage"). Il est commercialisé de 1950 à 1990 en Europe mais sa production continuera jusqu'en 2013 au Brésil. Le Combi est le précurseur du camping-car notamment dans la gamme Volkswagen Westfalia. Westfalia est un équipementier allemand spécialisé dans l'aménagement de vans et de caravanes.

 

Volkswagen T2 1967. Source : Alan Heath

 

Le succès de la Coccinelle

En 1951, Volkswagen atteint les 100 000 véhicules vendus. En 1955, la marque vend sa millionième Coccinelle. 4 ans pour multiplier sa production par 10 ! C'est un véritable miracle économique qui porte tout une ville, Wolfsburg, mais aussi tout un pays, la RFA.

 

La 100 000ème Coccinelle, 1951. Source : Mestmotor

 

Suite à la privatisation du canal de Suez par Nasser en 1956, le monde craint pour son approvisionnement en pétrole. Les Etats-Unis, représentant le marché automobile le plus important au monde, se tournent vers des véhicules qui consomment peu à l'instar de la Coccinelle. Les ventes explosent parmi les jeunes américains et la Cox finit par marquer toute une génération.

 

Sea, Cox and Fun. Source : modernsurf

 

Pourtant au fil des années, Volkswagen commence à s'effrayer d'être aussi dépendant d'un seul modèle et tente de se diversifier. Mais comment remplacer une légende? La marque se doit de se réinventer.

 

L'après-Coccinelle

Après quelques tentatives ratées, la solution viendra en 1964 lors du rachat d'Audi. Celle-ci deviendra la branche haut-de-gamme de Volkswagen. Surtout, Audi apporte un savoir-faire technologique que ne possédait pas encore Volkswagen. Ainsi on passe notamment à un moteur à traction avant et refroidissement liquide sur les Passat (1973), Golf (1974) et Polo (1975).

 

VW Passat 5 portes, 1973 à 1977. Source : WheelsAge

 

L'usine de Wolfsburg passera ainsi de la Coccinelle - ayant trouvé refuge en Amérique centrale - à la Golf. De celle-ci, il y a pour l'instant 7 générations et sa production continue, avec la e-Golf et une 8ème génération en préparation.

En 2003, Wolfsburg s'est même renommée "Golfsburg" pendant 3 semaines, à l'occasion de la sortie de la 5ème génération de Golf.

 

Le maire de Wolfsburg change la première lettre de sa municipalité, 2003. Source : Wolfsburger Allgemeine Zeitung

 

Il ne faut pourtant pas oublier la VW New Beetle, aperçue pour la première fois en 1994 au salon Detroit. La firme allemande la présentait en tant que concept-car mais suite à l'émoi suscité dans la presse, Volkswagen décide de commercialiser "une Coccinelle de demain dotée de la technologie d'aujourd'hui et du feeling d'hier et qui devra attirer tous ceux qui n'ont connu la Coccinelle que par les images". En 2011 la New Beetle est remplacée par la Coccinelle III.

Aujourd'hui, le groupe Volkswagen est le leader mondial des ventes automobiles, et comprends les marque Volkswagen, Porsche, Audi, Lamborghini, ou encore Seat et Skoda. C'est aussi la seule entreprise allemande avec Allianz à parvenir dans le top 50 mondial des entreprises par revenus (Volkswagen : 7ème - Allianz : 38ème).

 

La nouvelle génération de véhicules VW. Source : Volkswagen UK

 

Après le Dieselgate la marque a voulu faire preuve de bonne volonté en devenant pionnière en matière de véhicules électriques avec la gamme ID, et notamment le ID Buzz ou Combi électrique. Qui sait, peut-être verrons-nous un jour une e-Coccinelle, à l'occasion des 100 ans de la marque en 2039 par exemple?

 

 


Article rédigé par Brittany Classic Cars le 03 Jul. 2019


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